En vadrouille
Trois petits tours et puis s'en va, dans le vent du sud qui porte les éclats de nos rires, et fait s'envoler nos confidences au milieu de la nuit. Trois petits tours de train, trois petits tours au loin, trois petits tours pour vider la tête des tonnes de tracas qui la plombe depuis de nombreuses semaines.
Du chaud près de la cuisinière qui fume, du très froid sur les terrasses du joli village, les pommettes roses et les yeux qui piquent à cause du vent, à cause de ce trop plein de tout, et ce mélange de joie soudaine, de repos inattendu, qui se mêlent à la lassitude, à la mélancolie, c'est un peu comme un soleil à travers les gouttes de pluie, c'est un arc-en-ciel qui surgit de je-ne-sais-où et qui me fige dans cet instant inattendu, à la croisée des chemins.
Une bulle d'évasion, une bulle comme celle de Clémentine qui surgissait toujours au bon moment dans ce dessin animé que je regardais petite, avec une fée aux cheveux roses et une voix douce, et alors la bulle s'envolait, loin de tout, légère et transparente, quelque part entre le ciel, et la terre.